Pourquoi certains aspects de vos enfants vous déclenchent?

Dec 15, 2022

Par Dre Roxane Larocque, psychologue.

 

Y a-t-il un aspect de votre enfant qui vous choque? Vous dérange vraiment beaucoup? Vous met dans tous vos états? Peut-être même que vous sentez que vous vous entendez moins bien avec l’un de vos enfants? Le parent bienveillant que vous souhaitez être ne trouve pas de réponse logique, mais vous sentez qu’il y a quelque chose qui cloche.

 

C’est difficile parfois d’admettre que certains côtés de nos enfants viennent chercher la part d’ombre en nous. Même en voulant être bienveillant, un aspect peut venir vous faire réagir fortement, comme une impasse, une incompréhension. Je vous offre aujourd’hui une piste de réflexion pour tourner cette impasse en occasion de guérison. Si cette piste vous parle, tant mieux, sinon c’est bien correct aussi, c’est une piste de réflexion parmi tant d’autres. Pour vous illustrer mon point de vue, voici une petite histoire de cas :

 

La petite Margot, 4 ans a de la difficulté avec son sommeil. Elle crie la nuit, l’endormissement est difficile. Elle a extrêmement peur des loups-garous. Sa mère, Marie-Hélène, habituellement calme et bienveillante, est dans tous ses états. Elle comprend que ce sont des peurs infantiles, que sa petite doit être accompagnée, mais c’est plus fort qu’elle, à chaque fois elle crie, elle aussi. Elle n’en peut plus, ce comportement lui tombe sur les nerfs, elle se sent plus rapidement irritable et dépassée : « il n’y en a pas de maudits loups-garous dans ta chambre! On te l’a dit 100 fois, là c’est assez, dort!! Maman est fatiguée, faut que tu dormes! »

 

 

Marie-Hélène, quand elle était petite, était très intense et sensible. Ça lui a donné une belle empathie très tôt dans sa vie, mais ça la rendait aussi très sensible au stress et aux phobies. Ses parents, d’une autre époque, ne vivaient pas bien avec cette intensité : « Voyons Marie! C’est juste une araignée, faut pas que tu aies peur! », « C’est bébé ça, tu es une grande fille et les grandes filles n’ont pas peur d’aller à l’école! », « Bon regarde le petit bébé qui pleure encore des larmes de crocodile! ». Les parents de Marie-Hélène n’étaient ni méchants ni mal intentionnés, mais leurs réactions aux émotions de leur fille ont créé, entre autres, deux choses :

 

– Marie-Hélène n’a pas été accompagnée pour gérer sa peine et ses peurs, elle s’est donnée elle-même des outils plus tard et ne veut pas répéter le style éducatif de ses parents, mais elle se retrouve sans repère;

 

– Quand elle était petite, elle n’était pas en mesure de prendre du recul sur son propre développement et le contexte familial dans lequel elle vivait. Les enfants, quand ils sont critiqués, ne cessent pas d’aimer leur parent, bien souvent c’est leur propre estime qui est affectée : « je ne suis pas une bonne fille, je ne dois plus avoir peur, mais j’ai peur quand même et ça fâche mes parents, je ne suis pas correcte, je suis nulle ».

 

 

Il est donc possible que sans le savoir, Marie-Hélène ait enregistré quelque part au fond d’elle-même : « avoir de la peine ce n’est pas bien, ce n’est pas correct, on ne devrait pas être comme ça ». C’est possiblement cette blessure qui revient lorsqu’elle voit sa propre fille aux prises avec un trop-plein de peur la nuit. Et peut-être que ça la pousse à agir avec colère et qu’elle se sent coupable, parce qu’elle sait que ce n’est pas l’idéal et ne comprend pas ce qui déclenche autant sa colère.

 

Si cette petite histoire de cas vous parle, je vous invite à prendre quelques minutes pour réfléchir à l’aspect qui vous dérange le plus avec votre enfant, en toute honnêteté : vous le trouvez niaiseux? Vous trouvez sa colère injustifiée? Vous le trouvez trop sensible? Puis, essayez de voir comment l’on agissait avec vous sur ses thèmes spécifiques : votre intelligence, votre valeur, vos colères, votre sensibilité. Vous pourrez y trouver les construits que vous avez intériorisés. C’est peut-être vous-même que vous devez accompagner en premier lieu pour ensuite redevenir disponible à votre enfant. En allant réviser votre histoire et en vous permettant de rassurer l’enfant insécure en vous, il y a de bonnes chances que vous deveniez plus disponible à recevoir l’émotion de votre enfant. Vous pouvez même lui partager vos propres histoires de peur quand vous étiez enfant, le rassurer sur le fait que ça va passer, que vous êtes là pour lui. Plutôt que de vous juger ou de juger votre enfant, saisir cette opportunité de guérison vous permettra de retrouver votre sensibilité au vécu de votre enfant, mais à votre propre vécu aussi.

 

Bonnes réflexions.

Roxane Larocque

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Biographie

 

 

 

Dre Roxane Larocque, psychologue, travaille comme psychologue clinicienne pour enfant et adolescent au Centre d’Évaluation Neuropsychologique de l’Est-du-Québec (CÉNEQ inc.). 

Son travail en psychothérapie vise l’accompagnement des jeunes dans l’actualisation de leur plein potentiel au-delà de leur souffrance ou de leur diagnostic. Convaincue de l’apport transformateur de l’imagination et de la créativité, elle utilise notamment la psychothérapie par le jeu et l’art auprès de sa jeune clientèle. Elle est également spécialisée en périnatalité et offre des ateliers et conférences aux parents sur divers thème reliés à la parentalité.

Son expertise professionnelle est diversifiée… tellement qu’au début de sa pratique, il y a une dizaine d’années, elle se sentait éparpillée. Jusqu'à ce qu'elle trouve finalement le fil conducteur de sa vie professionnelle : l’importance du lien. Le lien avec soi (notre estime, notre identité, nos besoins, nos histoires) et celui avec les autres (nos enfants, nos familles, notre communauté). Optimiste de nature, elle voit les périodes de bouleversements comme des occasions de mieux se connaitre et de guérir nos blessures.

Elle est maman de deux jeunes enfants et elle dit que le passage de la théorie à la pratique l’a rendue bien humble dans sa pratique et encore plus sensible au fait qu’il y a encore peu de sensibilité au vécu affectif des parents et de leurs jeunes enfants. Elle croit sincèrement à la force du soutien collectif et c’est pourquoi elle nous partage ses écrits. Pour contribuer, à petite échelle, à l’éducation et à la démystification des enjeux de santé mentale reliées à la parentalité.

 

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